That... I dont know... (PV Ruki)

-Hai, Onee-san. Prend soin de toi. Oui, on se rappelle.

C'est avec un soupir qu'Akira raccrocha enfin son téléphone, après un appel qui avait sûrement duré plus d'une heure. Sa sœur finissait comme sa mère, à toujours vouloir avoir de ses nouvelles et connaître le moindre petit détail de sa vie. Bon, parler un peu, c'était sympa, mais parler des heures devenait lassant. Surtout quand plus de la moitié du blablatage portait sur les nouvelles réussites de son neveu. Chaque semaine, c'était la même chose. D'abord sa mère, puis sa sœur. Elles s'inquiétaient pour rien, ces deux-là. Mais apparemment, toutes les femmes passent leur temps à s'inquiéter, comme-ci c'étaient leur activité préféré.

Akira se rapprocha de sa fenêtre, regardant les rues du quartier et les passants qui s'y baladaient. La grande roue, déjà toute illuminée, était aussi visible de cette fenêtre. Une fois la nuit tombé, le quartier d'Odaiba était l'un des plus beaux, du moins selon lui. D'un coup, sa soirée cinéma en solitaire qu'il s'était prévu pour la soirée lui paraissait ennuyante.

Il attrapa une veste un peu plus chaude, et sortit dans la fraîcheur de ce début de soirée. Le capuchon bien enfoncé sur sa tête et les mains dans les pochent, Akira commença à déambuler dans les rues de son quartier sans porter attention aux chemins qu'il prenait. Son neveu était rentré à l'école, cette année. Sa sœur avait passé une bonne partie de leur conversation à lui expliquer à quel point le gamin aimait rencontrer ses nouveaux amis et faire toutes ses superbes activités à l'école. Y repenser rendait le bassiste un peu... Nostalgique. La cours d'école, le ballon de foot, les quelques passes avec les potes pendant la récré...

Akira arriva soudain dans une place plus éclairé. Là, il n'allait quand même pas passer sa soirée à se perdre dans les souvenirs de gamins tout seul! C'était trop pitoyable... Bon, qui n'avait pas de plan, pour la soirée déjà? S'il se souvenait bien, Takeshima avait quelque chose de prévu. Il aurait possiblement plus de chance avec Takanori.

Il composa le numéro, priant pour que le nain lui réponde. Il n'avait aucune idée pourquoi il appelait, mais en ce moment, il n'avait vraiment aucune envie de rester tout seul...

*Aller, répond...*

Plongé dans le silence d’une grande pièce conviviale, Ruki avait dans la tête les chansons du dernier album qu’ils avaient sorti et tout particulièrement Shiroki Yuutsu, qui pour lui était assez facile à chantonner par manie maintenant. Elle est agréable, douce, et la mélodie résonnait parfaitement dans ses oreilles pour accompagner sa voix. Un pur délice ! Takanori était sur son ordinateur, la clope au bec, un beau mac sur les genoux qu’il ne quittait jamais et surtout son passe temps du moment : mettre son twitter à jour, répondre aux conneries des membres, raconter sa vie et voir les messages des fans. Malheureusement il ne pouvait pas répondre à tous et parce qu’il y avait une partie d’étrangers et que lui et l’anglais c’est encore un niveau moyen tout autant qu’ils étaient juste beaucoup trop à lui envoyer des messages en même temps. Il pouvait juste se contenter de poster des réponses générales écrites en japonais. Heureusement pour ça il avait remarqué que certains fans avaient créé des comptes twitter spéciaux afin de traduire leurs posts. Quelle bonne organisation !! Il trouvait cela génial de pouvoir rendre ses tweet accessibles au monde entier. Ça le rendait fier quelque part. Malgré tout il s’efforçait de ne pas écrire de choses trop compliqués pour les personnes qui traduisent.

Ruki écrire des choses faciles ?

Non franchement c’était éprouvant comme effort, à chaque kanji utilisé il se demandait tant bien que mal si ce n’était pas trop soutenu, pas trop familier ? Bref quelques fois il ne prenait pas garde et se laissait aller à des délires philosophiques juste histoire de dire tout haut ce qu’il pensait tout bas. Enfin bref, ce site, depuis qu’il y était inscrit, il y passait la plupart de son temps libre et les fans sont de vrais curieux à vouloir tout savoir de leur vie, de ce qu’ils mangent jusqu’aux conversations entre collègues J-rockers. Et en cette fin d’après midi où seul dans son appartement, le chanteur s’était retiré pour prendre un temps de paresse juste pour lui. Assis dans son canapé de manière négligée, le maquillage et la coiffure de la séance photoshoot du matin encore intacts, il n’avait pourtant pas résisté à l’envie de se mettre à l’aise et d’enfiler un jean usé avec une chemise.

C’est alors qu’il entendit la sonnerie de son téléphone retentir, le couper dans sa chanson et briser ce silence dans son salon. D’un geste mécanique, le blond écrasa sa cigarette et s’empara du téléphone afin de voir qui l’appelait. On sait jamais, il faut se méfier des appels masqués n’est ce pas ? Bref là il n’y avait pas vraiment de quoi se méfier puisque c’était Akira au bout du fil.

Ah Akira, un vieil ami dont il ne regrettait pas d’avoir un jour croisé le chemin. C’était depuis le lycée qu’ils se connaissaient, ils se sont toujours plutôt bien entendus et Takanori l’appréciait vraiment beaucoup même en tant que bassiste y’avait pas à dire - il est fort. D’ailleurs un petit sourire étira le coin de ses lèvres alors qu’il décrocha un peu avant que la sonnerie ne cesse et porta l’appareil à son oreille. Il laissa un faux soupir s’échapper d’entre ses lèvres alors qu’il en profitait pour recracher la fumée de sa dernière taffe.

« C’est pas bientôt fini de me harceler toi ? » Fit-il sévèrement.

Un ange passa alors qu’il ne put s’empêcher de retenir un rire pour atténuer ses propos et recommencer normalement.

« Salut Rei ! Qu’est ce qui t’amène ?»

Qu’il l’appelle en tant qu’ami ou en tant que collègue, Ruki ne voulait pas s’éterniser une heure à l’appareil sous peine de choper une migraine. Et il supposait que ce devait être la même chose pour lui ; Alors autant lui demander ce qu’il voulait assez vite au lieu de tourner autour du pot avec les éternels « oh comment ça va ? » « Bien et toi ? » « Alors que racontes tu ? » « Oooh ben rien !! ». Non, c’est des trucs de nanas ça.

Plusieurs passants, majoritairement des couples, se promenaient main dans la main avec des sourires complètement niais sur leur visage. Beaucoup se dirigeaient vers la grande roue, comme les petites mouches qui tentent de s'approcher le plus possible de la lumière de la lampe. C'étaient vraiment une soirée magnifique, il fallait l'avouer. Assez chaude et sans nuage, elle s'annonçait douce, et plusieurs couples en profitaient pour un rendez-vous qu'ils souhaitaient tous parfaits. Certains passants regardaient avec un peu de pitié le seul qui semblait déambuler tout seul dans les rues. Peut-être venait-il de se faire rejeter, pensaient les heureux couples qui passaient leur chemin sans prendre le temps de s'attarder. Mais Akira se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser. Il espérait seulement que Ruki lui réponde...

Ruki... Ça faisait vraiment un long moment qu'ils se connaissaient. Presque aussi longtemps que Takeshima, en fait. C'était un ami d'école, lui aussi. Le lycée était vraiment de belles années, avec le foot et les débuts en musique. Ah, et encore les souvenirs qui revenaient. Tout ça, c'était à cause du téléphone de sa sœur et des derniers exploits de son gamin...

Enfin, on décrocha à l'autre bout du fil. Déjà un peu soulagé, Akira reçut en grimaçant l'accusation d'harcèlement de son ami. Bon, d'accord, il lui arrivait, parfois, d'appeler pour ne rien dire, voir de s'amuser aux dépens de son ami lors de certains délires... Il méritait donc peut-être ce ton sévère... Et puis, il n'avait pas à s'inquiéter puisque déjà Taka commençait à rire avant de recommencer d'un air plus normal.

-Yo! Je me demandais seulement si tu... Ben, si tu étais occupé se soir. On pourrait faire quelque chose, je sais pas, n'importe quoi! Ce que tu voudras, je m'en fous. Tu es libre?

C'était peut-être parce qu'il n'avait pas du tout en vie de perdre une autre heure de son temps au téléphone comme il l'avait fait avec sa sœur, ou bien simplement pour une autre raison qui lui échappait pour le moment, mais l'homme au bandeau avait vraiment débité son mini-discours rapidement, sans prendre le temps de respirer entre ses phrases. Ça lui donnait peut-être un air limite désespéré, penchant un peu vers le pitoyable...Ce n'était certes pas le but, pourtant.

-Si t'avais de quoi de prévu, c'est pas grave, je t'en voudrai pas...

Déjà, il se préparait mentalement d'autres arguments pour convaincre son ami en cas de refus, mais il n'allait quand même pas les débiter tout de suite, ça aurait l'air trop pitoyable... Akira espérait aussi ne pas devoir appeler un autre membre du groupe, pour à la fin se faire dire que tout le monde est trop occupé...

Yeah!!! Notre cher Suzuki aurait très bien pu sauter de joie s'il n'avait pas eu peur d'avoir la honte de sa vie devant d'éventuels fans qui pourraient le reconnaître dans la rue. Bien sûr, rencontrer les fans, leur parler, prendre des photos avec eux alors qu'il est make-uper ne le dérange pas du tout, c'est même plutôt plaisant. Sauf que là, il n'avait même pas mis son bandera, alors valait mieux faire profil bas et ne pas se faire reconnaître. Il n'avait pas du tout envie de voir plus de photo de lui au naturel faire le tour du monde par internet. Donc, s'il ne sauta pas sur place comme un gamin super excité par l'annonce de son cadeau de Noël, il ne put s'empêcher d'afficher déjà un air plus soulagé. Takanori avait accepté de venir, malgré le fait qu'il soit supposément occupé. C'était pas un cadeau de Noël, mais bon!

C'est avec un grand sourire aux lèvres qu'il lui donna sa position, avant de raccrocher le téléphone. C'était bien beau tout ça, mais il avait encore 15 minute à attendre, dans le meilleur des cas. Et bien sûr, le meilleur des cas n'arrive jamais. Reita fouilla donc dans ses poches en quête de cigarette. Il s'assit sur un banc pour en griller une, passant le temps à observer les petits couples. Juste à l'idée qu'il n'allait pas passer sa soirée seul finalement lui permettait de moins déprimer devant tous ses êtres naïfs. Un léger vent froid commença à se lever, si bien qu'il ne put s'empêcher de frissonner. Comme il n'avait pas prévu rester très longtemps à l'extérieur, il n'avait pas pensé à prendre une veste très chaude... Mais il faisait encore chaud, tout à l'heure. L'air se rafraîchissait trop vite, signe que l'automne commençait à s'installer progressivement. L'été avait passé si vite, avec la préparation de leur nouveau single...

Léger coup d'œil à son téléphone; déjà 15 minutes qu'il avait raccroché. Selon ce qu'il lui avait dit, Takanori était supposé arrivé d'une minute à l'autre. Ou pas. Connaissant son ami, il pouvait très bien encore poireauter là quelques temps avant que le chanteur ne se pointe. N'en pouvant plus de rester assis à frissonner, Akira se leva et commença à marcher. Les quelques pas ne l'aidait toutefois pas véritablement à se réchauffer. S'il finissait avec la grippe ou un truc dans le genre, se serait entièrement de la faute à Ruki!

Enfin, après 25 longues minutes d'attentes, la voix familière du chanteur du groupe raisonna derrière lui, en même temps qu'une petite tape sur son épaule le faisait sursauter. Pas trop fait attendre, hein? Mais Reita ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, c'était lui qui lui avait donner rendez-vous sans préavis.

-Pas vraiment. Tu as moins de retard que d'habitude, répondit-il seulement en riant.

Il prit une dernière bouffée de cigarette avant de la jeter sur le sol pour l'écraser. Un soudain vent plus frais le fit de nouveau frissonner.

-Merci d'avoir quitter tes nombreuses occupations pour venir perdre ton temps ici. Alors, tu veux faire de quoi en particulier? Tant que c'est à l'intérieur...

Akira ponctua sa dernière phrase d'une grimace. Il enfonça ses mains dans ses poches, dans l'espoir de trouver là un peu de chaleur.

La nuit commençait à obscurcir les rues alors que les lampadaires gardèrent un tant de soit peu de lumière en s’allumant. Par contre, le froid était toujours présent. Reita n’avait pas mal pris le fait qu’il soit arrivé légèrement en retard. En plus il avait raison, au studio par exemple, les jours d’enregistrement qui commencent tôt le matin...Il a toujours du mal à se motiver à se lever et du coup il arrive comme une fleur parfois une heure après. En revanche, Takanori haussa les sourcils à ses derniers propos car à l’entendre, il avait pris au sérieux le fait qu’il lui dise qu’il était bien occupé ce soir là. Il avait pourtant pensé que le bassiste avait capté qu’il n’était pas sérieux et surtout pas dire de telles choses. Ça arrive qu’il soit plutôt dur inconsciemment dans ses propos mais ça se ressent lorsqu’il dit vrai non ? Quoi qu’il en soit Ruki ne laissa pas le malentendu alourdir plus longtemps l’échange.

« Perdre mon temps ? Allons Akira, tu sais très bien que je flemmardais sur mon divan ! Et je ne perds jamais mon temps à venir te voir ! »

C’est quoi ces propos ? N’a-t-on pas idée de penser d’un ami qu’il perd son temps en votre compagnie alors qu’il a traversé la ville pour venir vous voir ! Ruki n’avait pas hésité une seule seconde qu’il avait laissé ses loisirs via internet de côté pour venir jusque là, alors qu’il pensait qu’il s’était forcé, c’était quand même un peu dommage.

Le décoloré lâcha cependant un petit rire taquin, qui se voulait sincère à la dissipation du malentendu. Avait il dit cela sur le ton de la plaisanterie ou il était sérieux en pensant que Takanori avait l’air de perdre son temps ? Mince alors, si c’était le cas il devrait peut être faire plus attention à ses paroles.
Un endroit à l’intérieur. Oh oui il était d’accord, il commençait vraiment à faire un froid de canard, les frissons reprirent alors qu’il couvrait un maximum sa gorge en remontant sa veste jusqu’à son menton en regardant aux alentours.

« Ben on peut aller se réchauffer dans un café ! Viens ! »

Et puis bon il l’avait bien fait attendre dehors, c’était un eu logique qu’il prenne l’initiative d’attraper son bras pour le trainer dans un petit café isolé et dépourvu de monde. Il est rare de trouver un endroit peu peuplé quand on habite Tokyo et surtout lorsque l’on ne veut pas trop se faire remarquer, mais Takanori avait l’œil pour ces rares qui existaient quand même, il suffisait juste d’être attentif.
Entrant dans le bâtiment, imposant sa personne toujours de manière classe, il sentit tout de suite la chaleureuse atmosphère crée par cette belle invention qu’est le radiateur. Le chanteur relâcha enfin la manche du bassiste, se tournant vers lui en lui adressant un sourire alors qu’il se dirigeait vers une table à laquelle il prit place. Et puisqu’ils étaient dans le coin fumeurs, il en profita pour s’en allumer une, levant les yeux vers le bassiste.

« Qu’est ce que tu faisais dans le coin ? »

Lorsqu’il fit moins froid, Ruki se débarrassa de sa veste, la laissant sur le dossier de la chaise. Il porta sa cigarette à ses lèvres et tira une taffe, soupirant d’aise maintenant qu’il n’avait plus les muscles crispés par le froid. Mais heureusement que le serveur venait à leur aide en venant passer leur commande. Le chanteur demanda un simple café au serveur qui se tourna ensuite vers Reita. Mais avant qu’il fasse toute commande, Ruki tenait à préciser certaines choses avec un petit sourire en coin

« Je paye, prends ce que tu veux »

Soudain, le lampadaire au-dessus d'eux s'alluma, et avec lui tous les autres de la rue. L'automne emmenait pas uniquement le froid, il entraînait aussi avec lui les nuits plus longues. Il n'était pourtant pas si tard, mais bientôt on ne pourrait même plus voir un seul rayon de soleil. Les lumières de la rue, toutefois, éclairaient comme en plein jour. Leur seul problème était de ne pas réchauffer l'air comme le font ces chers rayons de soleil. Malheureusement, les lampadaires chauffant n'ont pas encore été inventés... Faudrait peut-être soumettre l'idée aux scientifiques.

Takanori dissipa le malentendu, avant de rire avec un petit air taquin. Oui, Akira avait mal compris. Souvent, quand on déprime, quand on souffre de nostalgie ou d'autres mauvais moment dans une journée comme ça, on a de fortes tendance à ne pas comprendre les plaisanteries, ou alors à comprendre uniquement ce qu'on veut; soit le fait d'être une nuisance ou de déranger tout le monde avec ses petits problème personnels. Il ne put donc que faire un petit sourire qui voulait clairement dire: «Tu va me pardonner, non? ».

Ah, un café. Pas une mauvaise, surtout avec la chaleur et la bonne odeur qu'on pouvait toujours y trouver. Reita se laissa tirer par son ami. Bon, d'accord, Odaiba était peut-être son quartier, mais il ne le connaissait pas entièrement. Il passait la majeure partie de son temps soit au studio, soit enfermé chez lui devant sa console ou devant un bon film, ou bien en sortie dans d'autres quartiers. Perdre son temps à vagabonder dans son quartier ne faisait pas partie de ses activités favorites. Du moins habituellement. Et puis, il faisait plus confiance à son ami pour trouver un endroit chaud et pourtant pas trop rempli. Ruki avait l'œil pour ça, pas lui.

Douce chaleur du radiateur qu'on a la chance de ressentir dès que la porte s'ouvre. Le décoloré avait bien choisi, comme d'habitude. Un endroit discret pas trop rempli, bref parfait pour deux stars qui désirent ne pas trop attirer l'attention! Ruki lança la discussion dès qu'ils se furent assis dans le coin des fumeurs.

-Pas grand chose... Je déprimais, en fait, avoua-t-il avec un léger sourire triste en baissant la tête. Rien de bien intéressant, quoi.

Il rit légèrement avant de commencer à jouer avec les sachets de sucre posés au centre de la table. Le bassiste finit par rabaisser sa capuche. Il commençait à se réchauffer maintenant, c'était agréable. Il n'allait peut-être pas attraper un rhume, finalement. Il ne faisait pas assez froid pour ça de toute façon... Bon, d'accord, il avait peut-être tendance à un peu trop exagérer parfois.

Lorsque Ruki lui proposa de prendre sa commande, Reita ne put s'empêcher d'imaginer commander des tas et des tas de gâteaux, uniquement pour faire une facture que son ami allait regretter de devoir payer. Il retint l'idée, toutefois. Se serait plus marrant un autre jour... Il commanda finalement qu'un café, lui aussi.

-Tu sais que j'aurais pu te faire regretter de payer pour moi?dit-il en riant une fois que le serveur se fut éloigné. J'ai entendu dire qu'il y avait dans ce café de vrai petit délice qui coûtent aussi une petite fortune. La prochaine fois que tu t'occupera de la facture, rappelle-moi d'appeler les autres aussi.

Il avait beau se moquer, comme ça, au fond il était vraiment reconnaissant avec son ami. Akira n'avait pas pensé à traîner un peu d'argent liquide sur lui, aussi n'avait-il que sa carte, enfin croyait-il l'avoir puisqu'il ne s'en était pas assuré. Et de toute façon, utiliser sa carte pour un si petit montant reste chiant, tout de même.

La place aurait beau être pleine à craquer, Akira ne s’en serait probablement même pas rendu compte. Trop de chose se bousculait dans sa tête encore. La déprime qui persistait à ne pas vouloir s’en aller complètement, la joie d’être avec un de ses meilleurs amis, mais aussi le désir de plaisanter afin de revenir à son soi habituelle. Il se concentrait donc uniquement sur ses sachets de sucre qu’il commençait maintenant à empiler, tentant de faire une pyramide la plus haute possible sans toutefois réussir à dépasser un demi décimètre.

Au moins, les petits jeux de plaisanteries avec Ruki l’aidait à se concentrer sur autre chose. Penser à autre chose... Comme la facture salée que le chanteur aurait droit avec Ruha. Jouant le jeu de l’interrogatoire, le bassiste lâcha ses sachets de sucre pour prendre une position relax sur sa chaise, les bras croisés, comme le prisonnier décidé à ne pas répondre aux questions. Mais si Ruki était un excellent comédien, le jeu d’acteur n’était pas un des plus grands talents de Reita. Son sourire, un peu trop forcé, brisait un peu le rôle qu’il voulait se donner. Ça ne faisait pas très crédible...

Takanori devint plus menaçant dans son rôle, et si l’homme au bandeau ne le connaissait pas autant, il aurait sans doute commencer à avoir peur. Au lieu de quoi, il brisa complètement son jeu en essayant de se montrer aussi menaçant, sans succès.

«Oh, mais tu ne sais pas ce que je pourrais oser faire...»

Le jeu s’arrêta là, dans le rire et avec la commande qui s’en venait. Tiens, déjà? Alors comme ça il y avait vraiment peu de monde dans le café, se soir. C’est quand même rare d’avoir la chance de tomber sur un service si rapide. Akira murmura un rapide merci avant de s’emparer de sa tasse à deux mains, se servant de la chaleur du café pour finir de se réchauffer. Et voilà, avec ça, aucune chance d’attraper une grippe, finalement. Ça serait bien sa chance de tomber malade en plus... La fatalité que s’acharnerait sur lui... Nah, on veut pas ça.

Puis, voyant que Ruki avait repris son sérieux (pas feint, cette fois-là...), Reita recommença à jouer avec ses sachets de sucre, prenant une gorgée de café de temps en temps. Et voilà, le sujet recommençait... Bon, après tout, il avait appelé Ruki pour ça, non?

«Je sais...» murmura-t-il simplement en soupirant.

Après quelques essais, le bassiste réussis à empiler tous les sachets de sucre, une petite pyramide d’une dizaine de centimètre. D’une légère pichenette, il la fit tomber avant de la recommencer. Il leva un instant les yeux sur son ami et ne put s’empêcher de sourire légèrement, lui-aussi. Puis il se concentra de nouveau sur sa «tour».

«Ça doit avoir un nom, non? Crise de début trentaine?»

Il laissa tomber un autre soupire en faisant retomber sa tour une fois de plus.

«Je vais avoir trente ans bientôt.. À mon âge, ma sœur était déjà marié et elle avait un gosse... Et tout ce que je fais c’est jouer sans jamais rien développer de sérieux... Mais est-ce que c’est si mal?»

Il parlait surtout pour lui-même. Il ne s’attendait pas vraiment à des conseils, seulement avoir quelqu’un pour écouter, comme ça... Non seulement ça enlevait la honte de parler tout seul dans son coin, mais en plus ça permettait de se sentir mieux plus rapidement. Il avait bien fait d’appeler Takanori. Lui au moins pouvait se montrer sérieux, des fois...

Lorsqu’Akira expliqua la raison de sa déprime, Ruki put y voir plus clair. Il hocha la tête, signe qu’il comprenait parfaitement et immédiatement ce qu’il voulait dire par « crise de la trentaine ».
Ah ~ L’âge... Voir sa vie défiler et se dire « il serait peut être temps de » parce que tout le monde le fait et l’entourage est très influent. Non bien sûr, il pouvait comprendre que ce n’était simplement pas pour suivre un modèle mais surtout pour combler un certain trou que l’on a au cœur parfois lorsqu’on est épuisé d’être célibataire et pas certain de finir sa vie avec une personne que l’on aime. C’est un sentiment parfaitement humain d’être satisfait de la vie qu’on a eu sans le moindre regret. Le visage du chanteur s’était légèrement attristé. Lui aussi était dans cette même situation mais il ne se retournait jamais en comptant les années.

Il vit au jour le jour, profite de la joie de faire ce dont il a toujours rêvé et la vie privée même si ce n’est pas stable, c’est toujours funky. Très rarement il s’est demandé s’il finirait par avoir quelqu’un avec lui, marié, des enfants...Il posa sa tasse sur la table tout en observant les ondulations du liquide dans celle-ci. Soudain devenu silencieux il laissa un petit soupir nostalgique passer ses lèvres légèrement réchauffées.

« Bah, t’as pas la même vie que ta sœur Akira, t’es le bassiste de The GazettE, aujourd’hui le monde t’acclame et ce n’est pas aussi facile. »

Appelez ça voir sous un autre angle. Il n’est pas très bien placé pour donner des conseils comme il vit exactement la même chose. Mais ce qui est bien c’est que Ruki a toujours les bons mots pour raisonner, prendre du recul. Il est peut être plus malin qu’il en a l’air, plus réfléchit qu’il le montre. Il laissait sa cigarette se consumer encore pour ensuite écraser le mégot dans le cendrier dans un dernier souffle de fumée. Finalement, le blond se pencha vers son ami posa sa main sur son avant-bras – un geste compatissant, avec un sourire un peu plus chaleureux.

« Chacun son rythme. Toi si tu veux t’amuser sans rien développer de sérieux, amuse toi. »

Il n’avait aucun doute concernant la capacité de Reita de se trouver quelqu’un et se stabiliser définitivement mais il n’y a pas de mode d’emploi. C’est un mec que beaucoup de gens rêvent d’avoir, et malheureusement la plupart étaient surtout intéressés par sa célébrité que par sa personne. C’est regrettable parce qu’il est le top. Takanori retira sa main de son bras pour s’enfoncer à nouveau dans sa chaise. Trente ans, c’est encore jeune pour aujourd’hui. Mais il pouvait parfaitement comprendre que passer au 30 devait être assez impressionnant. Sans oublier que ça l’était tout autant pour les 20, les 40, les 50 etc...

« Regarde Yuu, il a passé les trente, il est loin d’être une antiquité, il me semble pas qu’il ait tant mal vécu le passage non plus. Par conséquent, non ce n’est pas mal, t’as pas les pieds dans la tombe là, profite quoi ! »

Yuu c’est un bon exemple de quelqu’un qui passe les trente sans en avoir l’air. Ruki avait beau le charrier sur son âge comme la plupart des gens. On charrie toujours le plus vieux comme on embête le plus jeune. Malgré tout, Takanori ne l’a jamais vu comme quelqu’un qui a passé l’âge. Bien au contraire, le chanteur à souvent pensé qu’Aoi n’a pas tout montré de son talent encore. Et c’est exactement la même chose pour les autres membres. En ce qui concerne la vie privée, il a certainement eu des réflexions de sa famille et certes Aoi n’est pas en couple - Enfin, d’après les dernières nouvelles – mais ce n’est pas pour autant qu’il s’est lamenté sur son sort en abandonnant le reste quand il a ajouté le 3 à son âge et se dire « vite j’dois me marier ». Le tout était de ne pas s’encombrer de choses comme celles-ci car elles arrivent quand on s’y attend le moins. Le chanteur étouffa un rire taquin dans son écharpe alors qu’il fit tomber la pile de sucre qu’Akira faisait une fois qu’il avait recommencé.

La philosophie de Takanori est parfois, improbable et incompréhensible. Mais avec le temps, peut être que Reita avait appris son langage ? En tout cas, Ruki était assez fier de ce qu’il avait sorti...

La déprime... Une chose bien étrange, en réalité. Lorsque tout va bien, on s’imagine qu’on flotte au dessus de tous les nuages noirs mais on retombe bien vite à la moindre occasion. Lorsqu’est simplement en dessous des nuages, l’oppression causé par tout ce noir et ce gris qui nous environne fait apparaître les petites choses comme des montagnes impossible à traverser. Et de plus en plus, sans s’en rendre compte, on s’enfonce toujours plus bas, espérant remonter vers le soleil sans toutefois avoir le courage de remonter. La déprime, c’est simplement une façon d’agir dans laquelle la personne souffrante se rend elle-même malheureuse sans le savoir.

Il existe plusieurs moyens de s’en sortir, pourtant. Le premier, mais le plus lent, c’est le temps. Le vent finit toujours par repousser les nuages et le soleil finit par revenir de lui-même. Un autre moyen, plus difficile et pas nécessairement plus efficace, est que la personne déprimée décide elle-même de s’en sortir, et commence lentement mais sûrement à escalader toutes les montagnes pour remonter en haut des nuages. Et le troisième moyen est d’inviter le soleil à descendre en bas pour éclairer la zone d’ombre produite par les nuages.

Akira avait appelé son petit soleil et il était descendu à son secours. Takanori commença par lui rappeler simplement qu’il ne pouvait pas avoir une vie normale. Le bassiste avait tendance à l’oublier, parfois... C’est vrai, ils étaient très populaires, maintenant. Bien sûr, il ne regrettait pas du tout la vie qu’il avait choisi. Au contraire, faire partie de The GazettE était la chose la plus excitante de sa vie! Mais avec la popularité vient les désagréments... Beaucoup de monde tentent de s’approcher d’eux pour ce qu’ils ont l’air et non pas ce qu’ils sont.

Bien sûr, ce mode de vie populaire avait permis a Akira de s’amuser autant qu’il le voulait. Mais maintenant... Enfin, on peut penser à se stabiliser, un jour? Est-ce qu’il y a un âge max pour se stabiliser? Après le trente vient le 40... Arg, vaut mieux pas penser à ça tout de suite.

«Ouin... M’enfin...»

Akira garda le silence, réfléchissant. C’est vrai que Yuu, malgré son grand âge, n’avait pas l’air si mal. Même s’il semblait avoir personne de sérieux dans sa vie, il ne semblait pas triste ni être malheureux. Bon, alors pourquoi faudrait-il que lui, l’homme au bandeau, soit malheureux pour ça? Tant qu’à être malheureux, autant l’être pour une meilleur raison qu’un truc normal comme ça. Et puis, Takanori avait bien dit qu’il pouvait s’amuser encore. Et s’il avait envie de rester gamin toute sa vie, et bien ça sera ça! Et de toute façon, avant de penser au mariage, faut bien trouver quelqu’un avec qui on veut passer le reste de ses jours...

Sa pyramide de sachet de sucre s’écroula sans qu’il ne la fasse tomber lui-même. Il laissa tomber un soupir, un peu agacé que Ruki est fait tomber sa tour, puis re poussa les sachets.

«Ouin, t’as peut-être raison. De toute façon, je crois pas que je ferais un super bon mari.»

Il rit en prenant une autre gorgée de café. Mais ce n’était plus un rire forcé. Déjà, les nuages commençaient à s’éloigner. Redéposant sa tasse sur la table, il s’avança vers un Ruki, un étrange sourire sur les lèvres.

«Alors comme ça, je peux encore m’amuser si je le veux?»

Et pourtant, il ne se moquait qu’à moitié. Dans la liste très floue des personnes avec qui il pourrait passer toute sa vie, Ruki occupait sans doute l’une des premières places. Mais il n’avait jamais considéré l’option sérieusement. Après tout, les membres de son groupe étaient ses meilleurs amis...

Se reculant de nouveau sur sa chaise, il reprit un air plus sérieux.

«Merci.»

Si la déprime ne se guérissait pas comme ça, au moins Akira voyait-il déjà la lumière au bout du tunnel. Dans quelques jours, toutes ses mauvaises pensées ne seraient sans doute plus qu’un mauvais souvenir.

Bien sûr qu’ils ne pourraient probablement pas vivre comme les autres avant un bon moment. Lancés à toute allure et devenus populaire sur le marché devenu presque international, au point où ils en sont, se faire oublier serait quasiment impossible. Et même si parfois ils pouvaient regretter cette petite étape de la vie de beaucoup de personnes - à savoir, se trouver définitivement quelqu’un, la vie n’est pas faite de règles et de modèle à suivre. Certains naissent avec un 6ème doigt, d’autres connaissent la guerre. Plutôt que se faire de faux espoirs, autant accepter la vie que l’on mène avec ses contraintes et ses avantages malgré tout. Ils pouvaient bien sûr se trouver quelqu’un – ce n’est pas une chose impossible. Mais avec le boulot qu’ils trainent, leurs charges et l’envie folle de continuer à vivre leurs rêves, une telle vie pourrait certainement paraître pas mal au début mais tournerait vite au cauchemar à mesure que les obligations envers l’être cher augmenteraient. Et aujourd’hui ils ne pouvaient pas nier être « mariés » à des millions de gens. Certains arrivent à gérer fans et vie privée, encore faut il tomber sur la bonne personne et de ce côté-là, une star serait certainement le mieux.

Au départ, lorsque Takanori lui parlait de sa vision des choses, Akira ne semblait pas tant convaincu que lui à ce sujet. Le voir répondre un petit « oui m’enfin... » bourré d’autres choses qu’il aurait voulu vivre autrement, et Ruki se disait qu’il avait dû ruminer vachement longtemps pour être si peu facilement convaincu par ses paroles.
Même la phrase qui suivit, Ruki la trouvait absurde, mais il allait dans son sens juste histoire de le taquiner un peu.

« Je dirais même plus, tu serais le pire ! »

Franchement non. C’était très ironique de sa part.

Un air légèrement provocateur, doublé d’un petit pouffement de rire à l’attention du bassiste et suite à sa bêtise, Ruki le trouvait totalement fou de dire ce genre de chose que personne au monde ne penserait de lui. Reita mauvais mari ? Le voir s’auto-rabaisser c’était quelque chose d’assez étrange. Quelque part, le cœur de Ruki se serrait pour cause de le voir être aussi pessimiste. Ou était passé le costaud Reita ?

Cependant ce qui suivit, chassa à moitié toute pensée noire, alors qu’un étrange sourire s’accrochait sur les lèvres de son ami, Ruki fit de même. N’est il pas plus attirant de cette manière plutôt que couvert d’un voile embrumé ? Ses paroles avaient peut être fini par lui secouer le cocotier pour qu’il arrête de se voir poursuivre par les idées noires. Un peu de recul, un peu de lumière. Déprimer ne ferait certainement pas avancer les choses non plus, on finit souvent par vite s’en rendre compte que se regarder moisir n’améliore pas l’état psychique tant que Dieu ne vous donne pas de l’or entre vos mains sans que vous ayez fait le moindre effort.

« Ouai t’as tout compris ! »

Takanori était heureux et assez fier d’avoir pu égayer le reste de la soirée à Akira. Si seulement il l’avait appelé un peu plus avant où qu’il était venu lui parler plus tôt dans la journée de ses tracas, il n’aurait certainement pas broyé du noir au point d’être inquiet sur la fin de sa vie en solo ou accompagné car Takanori l’aurait certainement pas laissé sombrer seul.
Ce n’était pas les principales priorités de Ruki. Tant qu’il était chanteur, qu’il avait sa vie pépère et le groupe, niveau relations sociales il n’envisageait pas de si tôt de s’arrêter de s’amuser et de toucher à tout. A 30 ans, on n’a pas encore de pied dans la tombe, plutôt faire en sorte de repousser ce moment là.
Le chanteur lui lança un autre sourire, suivit d’un hochement de tête pour lui faire comprendre que c’est plutôt normal de remotiver ses amis lorsqu’ils ont besoin d’un coup de cravache pour reprendre du poil de la bête.

« Pas d’quoi. »

Le chanteur termina son café dans une dernière gorgée puis, heureux de revoir son ami de meilleure forme, il lança un regard dehors. Il avait beau faire froid, ce n’était pas non plus la Sibérie vu de l’intérieur réchauffé et du coup il se sentait plus le cœur à se balader ou à rester hors de chez lui que plus tôt.

Son regard argenté croisa alors à nouveau celui du bassiste.

« J’vais rester avec toi le reste de la soirée, histoire de m’assurer que tu ne joues pas la comédie et que tu redéprime dès que j’ai le dos tourné ~»

C’était l’excuse, mais Ruki trouvait sa compagnie toujours aussi chaleureuse. Si bien qu’il n’avait pas envie de le lâcher quitte à aller squatter chez lui jusqu’au lendemain.

L'espace d'un instant, Akira se remémora le dernier Noël avec sa famille. Comme tous les derniers Noël, sa sœur avait apporté avec elle son gamin. Comme il ne voyait pas son oncle très souvent à part à la télévision, ce dernier en avait profité pour passer un maximum de temps avec le bassiste. C'est dans ces moments-là qu'on se rencontre à quel point un gamin demande du temps, de l'attention, et surtout de l'énergie. Akira avait passé quelques jours chez sa mère et chaque soir, il finissait crever d'avoir jouer avec le gamin de sa sœur toute la journée. En y repensant, jamais il n'aurait assez d'énergie et de temps pour s'occuper d'une famille à temps plein en plus de garder son emploi dans le groupe. Bien sûr, il pourrait sans doute se trouver une femme assez forte pour accepter de s'occuper d'éventuels mômes toute seule... Mais les femmes de ce genre sont plutôt rares de nos jours.

«J'imagine déjà la pauvre femme, m'apportant une demande de divorce après à peine quelques mois de mariage!»

Enfin, fallait mieux en rire qu'en pleurer. Avec les horaires qu'il a avec le groupe, jamais il n'aurait le temps d'accorder quelques moments pour une éventuelle femme. C'était une des raisons qui lui faisaient dire qu'il ne serait sans doute pas un bon mari, et encore moins un bon père. Jamais il n'aurait le courage de réduire ses activités avec le groupe au profit d'une vie de famille. Il s'en rendait maintenant bien compte; ce genre de vie ne lui allait pas du tout. Ce qu'il lui fallait, c'était une basse, des amis avec qui faire le party et des fans pour l'écouter. Pour le moment, il allait donc suivre les conseils de Ruki et faire descendre la famille dans ces dernières priorités.

Il finit son café en riant. Le pire, peut-être pas jusque-là. Uruha ferait sans doute un bien pire mari que lui. En fait, il voyait plutôt le guitariste en robe de mariée... L'image le fit rire de plus belle. Ah, c'était bien de retourner à son soi habituel. La déprime emmène toujours son lot de pensée négative et auto-destructif, tellement des pensées contraires de ce que le bassiste pense habituellement! En fait, il est trop pas du genre à perdre son temps et à réfléchir. Si les autres personnes ont le goût de se casser la tête, qu'ils le fassent, mais c'est pas trop son genre... Du moins quand il ne déprime pas.

Bon, maintenant Akira avait hâte de sortir. Le café avec les sachets de sucre encore éparpillés sur la table après que la dernière tour eut été détruite lui rappelait trop encore ses dernières idées noires. Plus vite il sortirait et plus vite il pourrait faire une croix sur cette dernière pensée. Heureusement, Ruki affirma qu'il allait encore rester avec lui. De toute façon, si le chanteur aurait aimé partir, le bassiste l'aurait sans doute retenu. Même s'il allait mieux, il n'avait pas envie de retourner seul chez lui.

«Aller, tu sais bien que je suis pourris pour jouer la comédie.»

Et même s'ils disaient ça, il ne voulait quand même pas que son ami s'en aille. Reita pouvait se montrer très gamin, parfois...

«On va chez moi? Avec la veste que j'ai je survivrai sans doute pas très longtemps dehors»

Odaiba n'est pas vraiment le quartier avec le plus d'activité de la ville... Enfin, il y avait toujours la grande roue pour tous les rendez-vous romantiques... Et la salle d'arcade. Celle-ci devait sans doute bientôt fermer, rendu à cet heure-là. Et de toute façon, ce n'est pas les jeux vidéos qui manquent chez le bassiste. Son appartement était donc la place toute désignée!

Perplexe, Takanori essayait d’imaginer la scène de la femme se ramenant avec une demande de divorce pour la secouer sous le nez bandé d’Akira. Tout compte fait, c’était plus drôle à imaginer qu’autre chose, il pouffa légèrement de rire, c’était tout bonnement impossible du point de vue du chanteur qu’une telle chose se produise parce qu’il le voyait tous les jours, qu’il l’aimait beaucoup et qu’il ne pouvait donc pas prendre de recul par rapport à cette éventualité. Pour lui rien n’est impossible si l’on se donne les moyens, si l’on fait de bons arrangements et encore si dans les deux camps on reste fort. Toutefois, il n’insista pas, Akira finirait par de voir de lui-même qu’il serait loin de faire un mauvais compagnon ou un mauvais mari quelque soit sa situation. Mais pour l’instant qu’il profite encore.

Ruki remit les sachets de sucre que Reita avait éparpillés en ordre, bien rangés car il était temps de partir et que laisser les choses en bordel « arrangé » derrière eux c’était bien leur genre. Plusieurs fois ils se faisaient sermonner par le staff, de vrais gosses. Quoi que là, le temps que Reita finisse son café, il n’avait que ça à faire. Ca rempli quelques lignes aussi. Bref, il leva les yeux sur le bassiste, entendant la porcelaine taper contre le bois de la table.

Un sourire sournois étira les lèvres du chanteur. Bien sûr que oui, Reita est mauvais comédien et il était tout aussi évident que ni l’un ni l’autre voulaient qu’ils reprennent chacun la route de leur appartement et finir le reste de la soirée dans leur coin. Takanori répliqua alors avec dédain genre fier de lui en rajustant sa veste.

« Oui je le sais ! »

Ah il avait bien compris le message ! Et qu’il l’invite chez lui était de toute façon une évidence. Une fois ensemble ces deux là, il est quasiment impossible de les séparer et ce depuis bien longtemps. Et puis au moins, Ruki serait sûr qu’il n’allait pas continuer à s’obscurcir sa vision des choses, ce serait triste sinon alors il allait s’occuper de lui et de ses idées noires jusqu’à ce qu’elles le laissent définitivement tranquille. Motivé par l’invitation, il s’empressa d’accepter et poussa sa tasse sur un côté pour sortir les sous de la note de son portefeuille.

« Okay ça me va ! »

Takanori hocha la tête avec un sourire, remettant l’autre fine veste qui lui servait quand même à lutter contre le froid sur ses épaules, il se dirigea directement vers le bar et paya pour les deux. Déjà parti, c’est qu’il était rapide le nain hein ! C’était parce que la soirée s’annonçait bien, lui qui pensait la finir à jouer avec son chien comme un con, il était finalement en compagnie d’une personne qui lui était très chère et à chaque fois Takanori sortait toujours de chez le bassiste avec un grand sourire aux lèvres. What else ?

Le serveur lui rendit la monnaie, les dévisageant toujours aussi bizarrement pour n’avoir toujours pas tilté que leur dernier clip était en train de passer sur la petite télé du café. Intimidé, il les remercia doucement de leur visite - Un bref salut de la part du chanteur, celui-ci fit demi-tour et alla rejoindre son ami qui était surement prêt à partir. Du moins y’avait intérêt parce qu’il commençait déjà à sentir le froid de l’extérieur....

« Allez bouge tes fesses ! » Lança-til en riant.

Pressé ? Oh oui, Ruki aime bien squatter chez ses chers collègues pour jouer au roi. En particulier chez Reita, il s’y sentait bien.

C'est fou ce qu'une situation peut évoluer en peu de temps. S'il arrive bien souvent qu'une situation dégénère et se finisse mal, il arrivait quand même bien des fois où les évènement se terminent bien. Bien sûr, on préfère tous de loin ces derniers, alors il faut en profiter lorsque ceux-ci acceptent de se pointer le bout du nez. C'est pourquoi Reita se promis de ne plus repenser à ses idées déprimantes de la soirée, préférant de loin cultiver de bons moments avec Ruki.

Chaque instant passé avec le chanteur du groupe devenait toujours un instant mémorable. C'était toujours un plaisir de le traîner chez lui pour passer la soirée sur sa console, ou bien à vider son frigo de toutes les réserves d'alcool qu'il avait fait. Justement, se soir, ce dernier était plutôt vide... Ils pourraient toujours s'arrêter en chemin pour refaire quelques réserves. Quoique ce n'était peut-être pas nécessaire. Après tout, il n'est pas nécessaire de boire pour faire le party.

Le nain s'empressa d'aller payer au comptoir. Il avait vraiment l'air excité et dans un sens, son excitation était contagieuse. Mais le sourire du chanteur était tout aussi contagieux. Bref, c'est difficile de rester déprimé lorsque Ruki décide qu'on ne doit pas l'être...

Un instant, le regard d'Akira fut porté vers la petite télé du bar. C'était justement leur dernier clip qui jouait. Chaque fois qu'il le voyait, le bassiste ne pouvait s'empêcher de se sentir fier. Comme à chaque fois, ils s'étaient tous donnés à fond, et ça avait donné justement les résultats escomptés. Et même mieux. Mais même s'ils avaient travaillés fort, c'était tellement amusant de faire ce genre de travail. Vraiment, une job normal n'était pas pour lui. En aucun cas il ne retournerait travailler dans son épicerie. Même pas pour sauver un éventuelle mariage.

Il revint à la réalité par un Ruki qui l'appelait depuis l'entré. Il était déjà rendu là, la porte déjà ouverte à laissé entrer l'air froid extérieur? Il était vraiment en quatrième vitesse, hein? C'était marrant! Reita alla le rejoindre en riant, lui aussi. La soirée s'annonçait véritablement belle, au final!

Si on oubliait le froid extérieur, bien sûr. Il n'avait pas encore mis le pied dehors que déjà il commençait à frissonner. Il aurait mieux fait d'apporter son bandera, comme ça au moins son nez serait rester au chaud...

«Il fait encore plus froid que tout à l'heure! Manquerait plus que la neige...Aller, on se dépêche à rentrer chez moi! J'ai pas le goût de mourir jeler!»

Tiens, encore quelques pensées négatives... Zut, il en restait encore quelques unes qui ne voulaient pas se faire expulser si facilement! Heureusement que Ruki allait rester avec lui, au final... Bon, autant ne pas moisir ici et rentrer le plus vite possible.

«On fait la course jusqu'à chez moi? »

À voir comme Takanori était pressé, ce serait étrange de le voir dire qu'il préfère prendre son temps, non? Et puis, vu son énergie quais hyperactive, il avait mille fois plus de chance de gagner que Reita.

Eh oui ! C’est que le café ça réveille les muscles auparavant engourdis par le changement de température intérieur/extérieur. Ça rend hyperactif et de quoi motiver les troupes même en fin de journée. Là il pouvait courir quinze marathons. Ou pas. Façon de parler, à prendre au 5543699ème degré.... Sauf que contre toute attente c’est ce qu’Akira lui proposa entre autres avant d’arriver jusqu’à son chez lui.

Il jeta un dernier coup d’œil à la télévision, leur clip touchant à sa fin. Qui aurait pu croire que des mecs aussi classes - à croire que parfois ils ne sont pas humains, se réduiraient à faire la course comme des gamins? Non on aurait plus tendance à les voir dans de grandes bagnoles trop chères pour n’importe qui... De quoi faire des dossiers compromettant parfois quand ils s’y mettent mais c’était ce qu’il trouvait de plus drôle. Ne pas être monsieur tout le monde et casser le mythe sans en avoir l’air, ça c’est funky.

Ainsi il lui proposait un défi de taille : La course ! En ayant assimilé ce défi, Ruki fit tout d’abord un petit bon sur le côté, surpris d’une telle proposition plutôt improbable après une journée épuisante, un froid à vous geler les muscles et simplement parce que le soir c’est moins motivant. Il reconnaissait toutefois là l’esprit joueur de son cher ami et ce petit truc qui faisait chez lui que dans n’importe quelle situation il avait quelque chose pour pimenter tout ça pour se construire de bons souvenirs.

C’est ce que Ruki appréciait le plus en sa personnalité – Impossible de s’ennuyer lorsqu’il est inspiré même s’il fait un froid sibérien. De plus, lui qui fuit la routine, Reita est toujours celui qui le sauve d’un ennui profond par ses idées parfois sorties de nulle part. Et à force, ce grand dadet lui était devenu indispensable. Le chanteur fronça légèrement les sourcils, un regard étonné adressé à son ami alors qu’il lâcha un petit rire amusé.

« Akira.....Akira, Akira.....Voyons, si tu veux que ton plan fonctionne propose une récompense pour la fin! » Fit-il narquois.

C’est que malgré tout il jouerait le jeu, il suffisait d’une proposition alléchante et le blond s’exécuterait qu’il pleuve ou qu’il grêle. Une volonté de fer mêlé à une fierté mal placée surement car il ne laisserait certainement pas c’te grande gigue le gagner si la récompense est de taille. Et puis c’est plus drôle ainsi non ? Si la soirée commençait par un délire digne d’enfants de primaires, ça promettait d’être fun pour le reste.

Ruki lui réfléchissait à ce qu’il pouvait lui proposer si toutefois il prenait une crampe en plein milieu de la course et que sa victoire serait compromise – sait on jamais. Il n’avait pas beaucoup d’idées mis à part jouer l’esclave sachant qu’il déteste ça. Ah rien n’est assez pour Reita ! Mais par précaution, il laisserait Akira proposer d’abord la sienne afin d’être peut être plus inspiré.

« Propose en premier. »

Sortis dehors alors qu’il avait une dernière fois salué le gérant, le froid s’engouffra dans la veste trop légère du chanteur qui remonta automatiquement son écharpe sur le nez afin de se protéger d’un mauvais rhume. Un sourire toutefois se lisait au travers alors qu’il se montrait très enthousiaste à son idée, il refermait même les poches de sa veste (pour que le portable tombe pas) pour se préparer à courir.

La course est probablement l'une des meilleures inventions de l'homme. Bien sûr, au départ, elle était surtout un moyen de survie. Seul ceux qui couraient assez vite pour fuir les prédateurs pouvaient éviter de finir en pâté pour les lions. À l'aire de la sédentarisation toutefois, l'homme a échangé la marche et la course pour de magnifiques automobiles. L'effort est réduit au maximum, et les embouteillages au augmenter au maximum. N'étant pas du genre patient vis à vis du trafic, Reita avait gardé quelques habitudes du temps où il était encore hyperactif... Ah, il lui arrivait même parfois de regretter le temps où il rêvait de devenir footballeur professionnel. Courir après un ballon, il y a pas grand chose de mieux que ça!

Fallait donc pas lui en vouloir d'être rester un gamin. Et puis, la course est très bonne pour la santé. Mais bien sûr, s'il voulait que Ruki court aussi, il fallait lui attacher une petite carotte au bout d'une corde pour qu'il avance. Que le chanteur demande donc une récompense était prévisible. Et puis, avec un véritable enjeux, la course ne devenait plus un délire mais une véritable compétition. Ça devenait vraiment sérieux.

«Euh... Je crois qu'il me reste une boite de smarties presque pas entamée... Je te la laisse si tu gagnes.», lâcha-t-il simplement en haussant les épaules.

Quand même, comme si le bassiste allait proposer quelque chose de sérieux! Bon, d'accord, il avait penser un instant à proposer de payer pour lui la prochaine fois qu'il sortirait, mais il ne tenait pas à se ruiner non plus... C'est que Ruki n'est pas du genre raisonnable quand ils sortent! Comme Ruwa, en fait... Mais tout de même, fallait pas prendre la proposition des smarties au sérieux. Ce n'était pas une récompense digne d'une véritable course entre deux grands gamins.

«Trève de plaisanterie, ceci est une compétition sérieuse,commença-t-il avec un grand sourire aux lèvres qui démentaient ses propos sérieux.Si tu gagnes, je devrai faire la chose que tu veux, tant que ça ne crève pas mon budget. Un ordre, une gogosse à acheter, un acte débile, bref, ce que tu veux. Et si je gagne?»

Avec ça, la compétition allait vraiment être coriace. Bien sûr, il attendait aussi de voir ce qu'allait lui proposer le chanteur. Mais même si la récompense n'était pas très intéressante, il allait quand même donné son maximum juste pour ne pas devoir donner la récompense qu'il promettait. Et puis, faut avouer qu'il a quand même de l'orgueil. Et dire que contre Ruki sur la caféine, il était déjà désavantagé... Mais non, il n'allait pas perdre.

Motivé par l’idée de récompense à la fin de la course par le chanteur, Akira s’empressa de lui proposer la sienne. Une boite de smarties ! Mais c’est qu’il le prenait par les sentiments ou bien ? Non sérieusement, Takanori lâcha un rire de bon cœur, se voyant pas trop courir pour du chocolat même s’il aimait beaucoup les smarties. Du coup il lui proposa ce que bon lui voulait. Oh lala, savait il au moins à quel point c’était dangereux de proposer ce genre de récompense à ce petit capricieux ? Non pare qu’il serait capable de lui faire traverser tout le japon pour qu’il lui ramène une friandise spécialité culinaire du nord du pays...

Et c’était à ce moment là que le sourire sournois du chanteur refit surface en imaginant toutes les choses bien chiantes à faire ou à trouver juste dans l’optique de l’embêter un peu.

Que diraient les autres membres en les voyant comme deux gamins ? Oh ils n’auraient pas fini de les charrier et surtout celui qui allait perdre qui allait certainement se retrouver dans une situation pas très commode –
En parlant de pas commode, c’était à Ruki de faire sa proposition de récompense. Et son imagination très débordante lui proposa un truc bien banal et pourtant pas si évident que ça lorsque l’on connaît bien sa personne.
C’est alors que tout sourire, il accepta la sienne et posa le bout de son index sur le nez du bassiste.

« Si tu gagnes tu pourras me traiter en esclave pendant cinq jours, je t’appellerai maitre et je te vouvoierai. »

Non vous ne rêvez pas, il était bien sérieux, malgré que se faire traiter en bonniche à tout faire l’horripilait et n’était pas bon pour son égo, il fallait bien quelque chose de taille pour motiver le bassiste une bonne fois pour toutes. Et puisque se soumettre à ce tyran devrait certainement le faire rire, autant miser la grosse somme. Un sourire étira les lèvres du chanteur alors qu’il le chercha du regard.

« Haha, alors tu penses pouvoir mériter de me voir comme cela Akira? »

Par contre la robe de soubrette, c’est hors de question.

Sur ces mots à la pointe de la provocation....Takanori lâcha un dernier rire, serra son écharpe pour qu’elle ne le gêne pas et se mit simplement à courir le plus vite possible en direction de l’appartement d’Akira. Laissé derrière, sans se retourner, sans même regarder si son concurrent avait commencé à courir, il était déjà mort de rire et peinait à maitriser sa respiration. Il n’y avait presque plus personne dans les rues, mais les quelques résistants au froid se voyaient bousculés par le chanteur qui était bien concentré dans sa course. Jusqu’à un moment où il voulu se retourner, il manqua de trébucher, fit une pause et se rendit compte qu’il avait loupé la rue.

« ..... »

Sans perdre de temps, il fit demi-tour et accéléra d’avantage. Ah c’est ça ne pas arriver en voiture avec un bon vieux GPS quand on a la mémoire un peu courte et lancé en plein délire. Tout ce qu’il espérait c’était qu’Akira n’ait pas pu le rattraper en ce laps de temps parce qu’être traité en esclave, ce n’est pas qu’il n’aimait pas mais a vous dire vrai, il n’avait pas bien envisagé la chose et qui sait ce que ce dernier lui ferait faire durant cinq longs jours.

Ah regrets quand tu nous tiens.

Mais bon au cas où de sa défaite, il jouerait le jeu jusqu’au bout sans chipoter. Il a beau être un poil capricieux, lorsqu’il s’agit d’assumer il est bien trop orgueilleux pour aller se plaindre. Akira allait certainement en profiter, mais pourvu que....Ce soit lui le premier !! ><

Gamin, Akira l'était encore. Pour certaines personnes, cela pouvait être insupportable. IL faut avouer qu'il était à l'aube de la trentaine et qu'il pensait rarement à autre chose que de s'amuser, délirer, ou pratiquer (heureusement d'ailleurs qu'il pensait à se pratiquer...). Mais son caractère gamin avait du bon quand même, puisque comme un gamin, il faut seulement trouver la bonne chose pour lui remonter le morale. Une simple surprise souvent suffit. Dans ce cas-ci, une incroyable compétition contre un de ses meilleurs amis suffisait à lui faire oublier toute la précédente déprime. Et si en plus il pouvait en retirer une récompense...

Et qu'elle récompense! Avoir Ruki comme esclave pendant 5 jours! Déjà, il s'imaginait le pauvre chanteur, à quatre patte pour laver tous ses plancher à l'aide du brosse à dent... Ou encore il l'imaginait lui apporter son café au travail sans oublier le maître et les vouvoiement qui vont avec. Bien sûr, dans tous les cas il devait porter la petite robe des maids, quand même... Sinon ça ne ferait pas véritablement esclave.

Dans sa tête, le bassiste avait déjà gagné. Parce qu'il allait courir et n'allait pas donner une seul chance à son ami. Comme s'il allait laisser passer une chance pareil! Et pendant 5 jours en plus! Non, il ne pouvait pas perdre. C'était une occasion unique de ridiculiser le nain. Il avait en plus l'avantage d'avoir des plus grandes jambes. C'était sûr, il allait être plus rapide et gagner.

Mais c'était sans compter sur le fait que Ruki commença à courir sans même l'avertir. Reita mis bien 2 secondes avant de s'en rendre compte. Il parti donc avec quelques temps de retard, pestant contre ce froussard qui devait absolument tricher pour pouvoir gagner. Parce qu'il savait, bien sûr, qu'il n'avait aucune chance s'il n'utilisait pas un coup bas de ce genre...

Au moins, le fait que Ruki soit créait un léger avantage pour le bassiste. En effet, le chanteur créait un passage parmi les passants et Reita n'avait qu'à courir dans cet espèce de tunnel humain déjà tracer. Il arriva finalement à sa rue, traversa encore à la course. Mais Ruki n'était plus devant lui. Alors ça, c'était vraiment marrant! La course devenait plus juste maintenant si le chanteur se trompait de chemin!

Akira se mit à rire tout en continuant de courir, voyant déjà le fil d'arrivé, la porte de son immeuble, à peine 200 mètres devant lui. Le chanteur n'avait plus aucune chance. Il allait être son esclave pour les 5 prochains jours.

Mais c'était sans compter sur le fait qu'une dame, portant des valises dans ces mains, ait choisie exactement ce moment là pour sortir de son propre immeuble. Akira lui rentra complètement dedans. Heureusement, le choc fut atténué par les diverses valises qui s'ouvrèrent. Leur contenu s'éparpilla sur le sol et le grand gamin eut droit à une belle engueulade. Avec un léger soupir, il vit Ruki qui déjà arrivait en courant... Jamais il n'aurait le temps de tout ranger et de finir la course avant l'arrivé du chanteur. Devant la femme qui continuait à lui crier des injures, il n'eut par d'autres choix que de s'agenouiller et de l'aider à ramasser les divers morceaux de vêtements. C'en était à pleurer... Il était si proche de la victoire, en plus. Pourtant, c'est en riant qu'il ramassa le linge, sous le regard noir de la dame qui ne trouvait définitivement pas ça drôle.

Une fois qu'il eu terminé de tout ranger dans les valises, il prit le temps de s'excuser à la dame, qui ne lui jeta pas même une regard avant d'entrer dans son taxi et de s'en aller. Il finit le reste du chemin à la marche, persuadé, de toute façon, d'avoir déjà perdu. Il devait quand même se retenir pour ne pas recommencer à éclater de rire. Comme de fait, Ruki l'attendait déjà. Triste, il avait perdu la chance de se faire vouvoyer pendant 5 jours... Et en prime il risquait de vivre lui-même une situation pour le moins ridiculisante.

«C'est bon, t'as gagné. Je te laisse 5 min pour choisir ta récompense. Et je te rappelle que ça doit pas crever mon budget, donc conte pas sur moi pour payer ta facture prochaine fois qu'on sort.»

Mais bon, il n'allait pas poireauter dans l,entré longtemps, comme ça! Il y avait quand même des jeux vidéos qui les attendait en haut, et une superbe soirée e perspective. Akira sortit donc sa clé (heureusement qu'il ne l'avait pas perdue en courant...) et invita Kiki à entrer.

Dès qu'il fut chez lui, il alla immédiatement vérifier que ses perruches allaient bien (un automatisme... qui sait ce qui aurait pu leur arrivé pendant son absence?).

«Fais comme chez toi.»

Bon, maintenant il ne lui restait plus qu'à craindre la récompense qu'il devrait offrir au chanteur... Et connaissant ce dernier... il pouvait bien craindre le pire.